Identification des besoins en alphabétisation
Identification des besoins en alphabétisation
Ce chapitre relatif à l’identification des besoins en alphabé-
tisation complète l’estimation du volume et de la part rela-
tive des bénéficiaires potentiels des dispositifs d’alphabétisa-
tion en Communauté française1 développée dans la pre-
mière édition de l’état des lieux2.
Il est structuré en trois parties. Dans un premier temps, sont
présentées les dernières statistiques disponibles relatives à
l’obtention du certificat d’études de base (CEB, niveau pri-
maire) aux différents niveaux d’enseignement.
Les deux autres parties utilisent les données de la dernière
enquête socio-économique générale3 pour mettre en évidence
les parcours de scolarisation des personnes qui n’ont obtenu
que le CEB, d’une part, et pour rendre compte, à un niveau
géographique désagrégé, de la situation sur le marché du tra-
vail des personnes qui n’ont pas suivi d’enseignement ou qui
n’ont obtenu qu’un diplôme de niveau primaire, d’autre part.
1.1 OBTENTION DU CERTIFICAT D’ÉTUDES DE BASE
La première édition de Les Indicateurs de l’enseignement
(Ministère de la Communauté française / ETNIC, 2006),
fournit quelques informations sur l’obtention du certificat
d’études de base (CEB) dans les années récentes.
On peut y lire qu’en fin d’année scolaire 2003/2004, la
très grande majorité des élèves qui avaient fréquenté une
sixième année primaire ordinaire ont obtenu leur CEB
(23.725 filles et 23.943 garçons). Le taux d’obtention cette
année-là était de 94% des effectifs de 6è année. Ce taux a
peu évolué sur une période de 6 ans.
Les jeunes qui quittent l’école primaire, en cinquième ou en
sixième année, sans le certificat de fin d’études de base ont la
possibilité de l’obtenir au cours de leur scolarité dans l’ensei-
gnement secondaire. En 2004, 1.299 filles et 1.640 garçons
ont ainsi obtenu leur CEB en 1ère année B. Ils étaient plus
d’un millier à l’obtenir en 2ème professionnelle (517 filles et
758 garçons). Il s’agit, dans ce cas, de jeunes qui, sans avoir
réussi une 1ère année secondaire, étaient passés en 2ème pro-
fessionnelle. En cas de réussite de la 2ème année, le conseil de
classe leur délivre le CEB qui permet de poursuivre une
scolarité dans l’enseignement ordinaire à temps plein.
L’élève qui n’a pas réussi la 2ème professionnelle et qui n’a pas
obtenu son CEB peut s’inscrire, sous certaines conditions,
dans un centre d’éducation et de formation en alternance
ou suivre une formation organisée par les instituts de forma-
tion des classes moyennes4.
Dans l’enseignement spécialisé, en 2004, 92 filles et 146
garçons ont obtenu le CEB en primaire et 166 filles et 289
garçons dans le secondaire (Ministère de la Communauté
française / ETNIC, 2006)5.
Dans l’état actuel des bases de données de l’enseignement,
il n’est pas possible d’estimer le nombre de jeunes qui quit-
tent l’école sans le certificat de fin d’études de base ; seule
la dernière année fréquentée est actuellement encodée.
Le CEB peut également être obtenu à l’âge adulte. Depuis
2002/2003, il est possible d’obtenir un certificat correspon-
dant du certificat d’études de base dans l’enseignement de
promotion sociale. En 2004/2005, 13 certificats ont été décer-
nés par les établissements de promotion sociale en Commu-
nauté française ; en 2005/2006, 19. Cette année-là, seuls 4
établissements organisaient la section et proposaient les unités
de formation ; 135 inscriptions avaient été enregistrées pour
ces unités de formation6. La section CEB, classée au niveau de
l’enseignement secondaire inférieur, compte 520 périodes /
étudiant réparties en deux unités de formation : 320 périodes
en Français /Mathématiques et 200 périodes en Citoyenneté.
Les inspecteurs cantonaux de l’enseignement primaire orga-
nisent des examens cantonaux accessibles aux adultes. Ils
participent également, avec les représentants des associa- tions d’alphabétisation, aux jurys des chefs-d’œuvre présen-
tés par les apprenants qui suivent des cours dans les associa-
tions. En 2005-2006, 50 CEB ont été décernés par les ins-
pecteurs cantonaux, dont 15 à des personnes ayant préparé
et présenté un ‘chef d’œuvre ‘ dans le cadre d’une association.
1.2 PARCOURS SCOLAIRES DES PERSONNES QUI N’ONT OBTENU QU’UN DIPLÔME DU PRIMAIRE
L’enquête socio-économique générale de 2001 permet de
rendre compte de certains éléments des parcours de scolarisa-
tion pour différentes catégories d’âge. Nous ne reprenons ici
que le nombre d’années de scolarité, au niveau primaire et au
niveau secondaire, des personnes qui déclarent avoir obtenu
au maximum un diplôme de l’enseignement primaire7.Parmi les personnes qui n’ont obtenu qu’un diplôme du pri-
maire, une proportion non négligeable a poursuivi sa scola-
risation dans l’enseignement secondaire, sans décrocher de
diplôme à ce niveau. Ce phénomène, limité pour les géné-
rations plus âgées, est très marqué dans les plus jeunes géné-
rations.
Le fait d’avoir suivi une ou deux années du secondaire
était assez fréquent pour les personnes âgées de 25 à 64 ans
qui n’ont qu’un diplôme de l’enseignement primaire :
elles sont 30% en Région wallonne dans ce cas parmi les plus jeunes (25 à 49 ans), et plus de 20% en Région
bruxelloise.
La fréquentation de l’école primaire pendant plus de 6 ans
n’est pas rare dans la population de 50 ans et plus. Près d’un
quart des Bruxellois âgés de 50 à 64 ans sont dans ce cas,
pour 1/5 des Wallons de la même tranche d’âge.
Plus d’un jeune de 18 à 24 ans sur deux, parmi ceux qui
sont diplômés au maximum du primaire, (sauf à Bruxelles
dans la population féminine où le % est plus faible), a passé au moins trois années dans l’enseignement secondaire8.
Cette évolution traduit, bien sûr, le passage de la scolarité
obligatoire jusqu’à 18 ans, en 1983. Une partie de ces jeu-
nes maintenus dans l’enseignement secondaire n’obtient
cependant aucun diplôme à ce niveau.
Bien que la propension à poursuivre des études dans le
secondaire diminue au-delà de la génération de ceux qui ont
eu 25 ans en 2001, suivre une ou deux années du secondaire
était assez fréquent pour des personnes âgées de 25 à 64 ans
qui n’ont qu’un diplôme de l’enseignement primaire.
On ne peut établir de lien direct entre le nombre d’années
suivies et les compétences acquises. Les jeunes diplômés au
maximum de l’enseignement primaire ont probablement
acquis malgré tout certains savoirs de base en plus, en par-
ticulier à la faveur de parcours scolaires plus longs. Une
partie de ce public quitte cependant l’enseignement initial
en ayant connu de nombreux échecs scolaires et sans avoir
mené son parcours dans le secondaire à terme.
Cette tendance générale s’observe à la fois pour les rési-
dents wallons et bruxellois. La Région bruxelloise se diffé-
rencie toutefois par une part plus importante de jeunes
femmes (18 à 24 ans) n’ayant pas été scolarisées dans l’ensei-
gnement secondaire. Ce phénomène pourrait en partie tra-
duire l’importance numérique de jeunes récemment immi-
grés, au sein de la population infrascolarisée bruxelloise.
Les personnes immigrées qui ont obtenu au maximum un
diplôme du niveau de l’enseignement primaire ont proba-
blement été scolarisées dans des pays où la période de scola-
rité obligatoire est moins longue qu’en Belgique.
1.3 SITUATION SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL DES PERSONNES INFRASCOLARISÉES
Le point de vue adopté dans cette deuxième édition de
l’état des lieux met l’accent sur la répartition des personnes
infrascolarisées entre l’emploi et le non emploi, à un niveau
territorial plus désagrégé, que dans la première édition.
Nous présentons en annexe 3 des données ventilées selon les
catégories administratives courantes : la direction régionale
du FOREM, au niveau de la Région wallonne, et la com-
mune en Région bruxelloise. Ces découpages visent à rendre
compte des disparités au niveau d’un même territoire. D’au-
tres découpages sont à l’étude dans le cadre de la mise en
place des plate-formes territoriales (voir chapitre 5). Les
données sont collectées au lieu de résidence.
La source des données est l’enquête socio-économique géné-
rale de 2001. Bien qu’ancienne, cette enquête est la seule
qui fournisse, à l’heure actuelle, à un niveau géographique
désagrégé, des informations sur le niveau de diplôme des
personnes en emploi. L’information sur la qualification
n’est en effet pas reprise dans les bases de données adminis-
tratives relatives à l’emploi. Il existe par contre des données
précises sur les niveaux de diplôme des personnes deman-
deuses d’emploi 9.
Nous tenons à rappeler que l’on ne peut établir, dans la
population adulte, de correspondance stricte entre le niveau
de diplôme, obtenu le plus souvent dans le cadre de la for-
mation initiale, et les compétences effectives. En particulier
un faible niveau de diplôme n’est pas nécessairement lié à
des difficultés importantes face à la langue écrite ou parlée.
En l’absence de résultats d’enquêtes sur les compétences
des adultes, nous avons cherché à appréhender la population
potentiellement concernée par les dispositifs d’alphabétisa-
tion, en distinguant les personnes qui déclarent n’avoir pas
suivi d’études (public cible des actions d’alphabétisation) et
celles qui n’ont obtenu au maximum que le diplôme pri-
maire.
Les informations sur les niveaux des diplômes obtenus ne
sont pas vérifiées. Nous nous basons sur les déclarations des
personnes. Rappelons également que le taux de non-réponse
à la question du diplôme obtenu est très élevé dans certaines
zones (voir premier état des lieux). A cela s’ajoute le fait que
toutes les personnes de la population n’ont pas répondu au
recensement. Quand on cumule ces deux faits, on atteint
des taux élevés de personnes pour lesquelles on ne dispose
d’aucune information sur les diplômes obtenus. On peut
estimer que les personnes qui n’ont pas répondu à la ques-
tion sont en majorité très probablement des personnes peu
diplômées.
La situation sur le marché du travail est également appré-
hendée à partir des déclarations des individus. Ce sont les
personnes elles-mêmes qui se classent dans les modalités de
réponse proposées. Celles-ci ne correspondent pas aux caté-
gories administratives du chômage ou de la recherche d’em-
ploi par exemple.
Précisons à nouveau que notre objectif se limite à estimer les
positions occupées sur le marché du travail, en 2001, dans
la population infrascolarisée. Le recensement améliore ainsi
notre connaissance de la population potentiellement concer-
née par les dispositifs d’alphabétisation, mais une étude
plus ciblée serait nécessaire pour comprendre les mécanis-
mes d’accès à l’emploi des personnes ayant des difficultés
face à la langue écrite ou parlée et pour mettre en place des
politiques adaptées.
Trois catégories d’âge sont distinguées : les 18-64 ans, puis
deux sous-catégories présentant des caractéristiques particu-
lières et contrastées en matière d’alphabétisation : les 18-24
ans et les 50-64 ans. Les personnes plus âgées ne sont pas
reprises car elles ne participent généralement plus au marché
du travail. Dans le tableau ci-dessous, la colonne « nombre
de personnes » reprend l’effectif total par niveau de diplôme.
Par contre, la répartition (colonnes vertes) se base sur l’effec-
tif associé aux trois positions : « en emploi », « cherche un
emploi », « inactif »
Quelle que soit la région, 9% des personnes de 18 à 64 ans
déclarent avoir comme diplôme le plus élevé un diplôme de
l’enseignement primaire. Par contre, c’est en Région bruxel-
loise que la part des personnes sans diplôme est la plus
importante : 5,7% contre 3,4% en Région wallonne.
Les écarts de taux d’emploi entre personnes n’ayant pas
suivi d’enseignement et personnes diplômées au maximum
du primaire sont faibles en Région wallonne, plus impor-
tants en Région bruxelloise. La moitié seulement des hom-
mes, diplômés au maximum du primaire ou n’ayant pas
suivi d’enseignement, ont un emploi. La situation des fem-
mes est beaucoup plus défavorable car seule une femme
sans diplôme sur cinq a un emploi, pour un quart des fem-
mes diplômées du primaire (33% en Région bruxelloise).
En outre, il existe un écart significatif, parmi celles qui rési-
dent en Région bruxelloise, entre celles n’ayant pas suivi
d’enseignement et celles diplômées du primaire.
Il est important de relever que la part des hommes peu
qualifiés en recherche d’emploi n’est que légèrement plus
élevée que la part des personnes en recherche d’emploi
dans la population totale, tous diplômes confondus. Les
femmes peu qualifiées, en majorité, n’ont pas d’activité
professionnelle et ne cherchent pas d’emploi. Parmi les
hommes peu qualifiés, entre 30 et 40% sont dans cette
situation.
A Bruxelles, dans les communes favorisées, le taux d’emploi
est plus élevé, mais les populations sans diplôme y sont
moins représentées. On pourrait faire l’hypothèse que les
personnes engagées dans le cadre des contrats aidés sont
majoritaires parmi les personnes en emploi.
De manière comparable au constat fait dans la comparaison
des DG wallonnes, il est remarquable de constater que ce
sont les taux d’emploi et d’activité des mêmes communes,
en Région de Bruxelles-Capitale, qui se placent systémati-
quement au-dessus et en-deça des taux de la région, et ce
indépendamment du sexe des individus. En effet, Molen-
beek-St-Jean, Schaerbeek, Saint-Gilles, Saint-Josse-ten-
Noode, Bruxelles, Anderlecht et Forest présentent, tant
chez les hommes que chez les femmes, des taux d’emploi et
d’activité inférieurs aux taux régionaux (avec une très faible
différence pour Forest dans les 2 cas).
Ces données concordent avec l’analyse consacrée à ces com-
munes dans l’Atlas de la Santé et du Social de Bruxelles-
Capitale 2006 (disponible à l’adresse http://www.obser-
vatbru.be/fr/Publications/dossiers.asp) établie sur base de
la même enquête socio-économique générale de 2001. En
effet, tant par rapport au niveau d’instruction des popula-
tions vivant dans ces communes, que par rapport à leur
position sur le marché du travail, mais également par rap-
port à d’autres dimensions (qualité du logement, …), ces 7
communes cumulent des indices négatifs, à tel point que les
chercheurs parlent d’un véritable « croissant de pauvreté »
où se retrouvent concentrées de fortes proportions de per-
sonnes infrascolarisées et de personnes sans emploi ou en
emploi précaire.
A la lueur de la variable « genre » apparaissent de fortes dif-
férences entre les taux d’emploi et les taux d’inactivité des
hommes et des femmes, quelle que soit leur commune. La
proportion de femmes, n’ayant pas suivi d’enseignement en
Belgique, retirées ou absentes du marché du travail (cfr.
modalité « inactif ») est presque toujours deux fois plus éle-
vée que celle des hommes dans chaque commune. Il est à
noter que le taux d’activité des hommes (modalités « en
emploi » et « cherche un emploi ») varie de 51 % (à
Schaerbeek) à 82 % (Woluwé-St-Pierre).
Enfin, il est intéressant de mettre en rapport les taux d’em-
ploi supérieurs dans les communes les mieux classées avec
les proportions plus faibles de population infrascolarisée
dans ces communes.
Nous pourrions avancer deux hypothèses. En premier lieu,
les budgets alloués aux contrats aidés de type A.C.S. (agent
contractuel subventionné) ou article 60§7 ou 61 (par l’in-
termédiaire du Centre Public d’Action Sociale communal),
favorisent les transitions vers l’emploi d’une part plus
importante du public infrascolarisé dans les communes où
ce public est numériquement moins important. En second
lieu, le développement de services de proximité, s’appuyant
sur des mesures d’emploi comme les « Titres-services »,
pourrait être plus important dans les communes les plus
riches, contribuant ainsi davantage à la mise à l’emploi des
publics infrascolarisés résidant dans ces communes. Dans le
prolongement de ces hypothèses, il convient de souligner
que le taux d’emploi repris dans nos statistiques ne rensei-
gne pas sur la qualité des emplois occupés.
La proportion de jeunes qui disent ne pas avoir suivi un
enseignement ou qui quittent l’école sans certificat ou avec
seulement un certificat d’études de base est faible, même s’il
s’agit d’effectifs significatifs dans un système éducatif où
l’instruction est obligatoire jusque 18 ans : 9.398 personnes
en Région wallonne et 4.166 personnes en Région bruxel-
loise. Rappelons que cette estimation est basée sur des don-
nées d’enquête et que cette catégorie comporte probable-
ment une part importante de jeunes ayant été scolarisés
dans l’enseignement spécialisé ou de jeunes immigrés
récents.
Une part importante des jeunes « cherchent un emploi »,
qu’ils soient infrascolarisés ou non : un tiers des jeunes qui
n’ont pas suivi d’enseignement et 40% de ceux diplômés au
maximum du primaire, pour une moyenne de 30% dans la
population totale, quel que soit le niveau de diplôme. La
proportion de jeunes « en emploi » reste plus faible pour
les personnes infrascolarisées (entre 52 et 57% pour les
hommes, entre 24 et 28% pour les femmes). L’absence de
diplôme du secondaire se traduit surtout par un retrait des
femmes du marché du travail, en particulier à Bruxelles. Ce
retrait concerne également, quoique dans des proportions
moindres, les jeunes hommes qui n’ont pas suivi d’enseigne-
ment.
La situation des femmes apparaît contrastée selon leur
région de résidence. La proportion de femmes « infrascola-
risées » est plus forte en Région bruxelloise et le retrait du
marché du travail y est plus important.
Globalement le retrait du marché du travail est important,
pour l’ensemble des hommes et des femmes de 50 à 64
ans des deux régions : 58% en Région wallonne et 49% en
Région bruxelloise, quel que soit le niveau de diplôme. Ce
retrait est proportionnellement plus fréquent pour les per-
sonnes « infrascolarisées », et plus encore les personnes
n’ayant pas suivi d’études (environ 83% des femmes et
65% des hommes).
Dans ces catégories d’âge, les taux d’emploi des hommes
peu scolarisés atteignent ou dépassent encore les 30%, alors
qu’ils se situent entre 12 et 24% dans la population fémi-
nine.
1.4 ÉLÉMENTS DE CONCLUSION
De nombreuses possibilités d’obtention du certificat d’étu-
des de base existent actuellement. Il est notamment possible
de passer des examens à l’âge adulte, en particulier en fin de
formation d’alphabétisation. Ces dispositifs restent cepen-
dant peu utilisés.
Les enquêtes indiquent qu’une part non négligeable de la
population adulte en âge de travailler (18 à 64 ans) n’a pas
suivi d’enseignement : 3,4% en Région wallonne, 5,7%
en Région bruxelloise.
Par ailleurs, pour 9% des adultes de cette tranche d’âge, le
diplôme le plus élevé est celui délivré en fin d’études primai-
res.
Pour un même niveau de diplôme, les parcours scolaires
peuvent être très différents. Si la majorité des adultes diplô-
més de l’enseignement primaire ont fréquenté ce niveau
d’enseignement durant 6 années, beaucoup ont été au-delà :
entre 15 et 20% des plus de 50 ans ont été inscrits à l’école
primaire pendant 7 années ou plus, plus de la moitié des
jeunes de 18 à 24 ans ont passé 3 années ou plus à l’école
secondaire.
Le niveau du diplôme n’est donc pas le meilleur indicateur
du niveau de compétences mais c’est le seul disponible
actuellement.
Les personnes infrascolarisées s’insèrent difficilement sur
le marché du travail mais des possibilités d‘emploi existent
cependant, en particulier pour les hommes. Des actions de
remédiation peuvent donc être envisagées dans ce cadre.
La majorité des femmes et des personnes de 50 à 64 ans,
sans diplôme ou diplômées au maximum de l’enseigne-
ment primaire, sont inactives.
La part des personnes qui déclarent chercher un emploi
parmi les personnes peu qualifiées n’est guère différente de
la moyenne observée sur la population totale des 18-64
ans. Parmi les 18-24 ans, les écarts sont par contre plus marqués : le pourcentage de jeunes au chômage est globa-
lement très élevé et les écarts entre peu scolarisés et popula-
tion totale sont les plus importants. Dans les deux Régions,
ce sont les jeunes diplômés au maximum du primaire qui
cherchent proportionnellement le plus souvent un emploi.
De fortes disparités existent selon les territoires. C’est dans
les régions urbaines plus défavorisées ou d’industrialisation
ancienne que l’on observe les taux d’emploi des personnes
infrascolarisées les plus faibles.
L’identification des besoins en alphabétisation se fait actuel-
lement sur base du niveau du diplôme le plus élevé obtenu.
Nous ne disposons pas d’information sur les niveaux de
compétences réels des adultes. La mesure de ces compéten-
ces par voie d’enquête ne s’improvise pas. Une réflexion
est en cours au niveau des pays membres de l’OCDE pour
mener une enquête de ce type. Il s’agit d’une opportunité
unique de prendre la mesure des besoins en alphabétisation
des personnes les plus démunies.
D’ici là des initiatives pourront être prises pour améliorer les
bases d’analyse dont nous disposons déjà. Il serait utile
notamment d’introduire progressivement l’information sur
le niveau de diplôme dans les bases de données administra-
tives relatives à l’emploi afin de mieux cerner les spécificités
des emplois occupés, par les personnes peu scolarisées
notamment, en termes de durée des contrats de travail, de
secteur d’activité, …
Une recherche en cours au Centre de Sociologie du Travail,
de l’Emploi et de la Formation de l’Université Libre de
Bruxelles, visant à tirer parti des sources de données d’ori-
gine administrative existantes devrait nous permettre d’ap-
profondir, dans nos prochaines éditions, notre connais-
sance des mécanismes d’entrée dans la vie active, notam-
ment en ce qui concerne la population jeune infraqualifiée. Des matrices statistiques, basées sur les bases de données
existantes, devraient à terme permettre, dans le respect de la
protection de la vie privée, de relier les arrêts d’études (sor-
ties du système éducatif ) aux différents « flux » de main-
d’œuvre. Ultérieurement, au-delà de la focalisation sur les
sortants du système éducatif, cet outil de monitoring pour-
rait également servir à mieux prendre en compte les transi-
tions ultérieures entre emplois et études : reprises d’études,
formations professionnelles et, de façon générale, éduca-
tion des adultes et formation tout au long de la vie.
Ces perspectives soulignent l’intérêt des données disponibles
en Communauté française de Belgique, et l’importance de
leur amélioration.
Bibliographie
Cortese Valter, Hamzaoui Mejed, Valkeneers Ann & Veinstein Matthieu
(TEF-ULB), Booghmans Mieke, Loyen Reginald, Stevens Eef, Vermandere
Caroline (WAV-KUL) (2007), Monographie Scolarité et Emploi, Programme
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Comité de pilotage permanent de l’alphabétisation (2006), Etat des lieux de
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Observatoire de la Santé et du Social (coord.), Atlas de la Santé et du
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l’adresse suivante :
http://www.observatbru.be/fr/Publications/dossiers.asp).
SOURCE :CHAPITRE 1 : Etat des lieux de l'alphabétisation en Communauté française
Nous vous conseillons de commander le document source. Cet ouvrage "Etat des lieux de l'alphabétisation en Communauté française" est disponible en version papier sur simple demande (GRATUIT) auprès du secrétariat du comité de pilotage, Cellule Alpha, Michèle Minne, 44 boulevard Léopold II à 1080 Bruxelles(michele.minne(at)cfwb.be) http://www.educperm.cfwb.be